Bilan statistique - que révèlent les chiffres sur les huit quarts-de-finaliste ?
Pays de Galles - Argentine, Stade de Marseille
Le pays de Galles affronte l'Argentine dans le premier quart de finale. Les Gallois ont terminé en tête de la poule C et les Argentins ont passé un test sévère contre le Japon lors de leur dernière sortie de la phase de groupes pour terminer à la deuxième place de la poule D.
Il y a un aspect de ce face-à-face où les statistiques pourraient en surprendre plus d'un : les phases statiques. Parmi les huit quarts-de-finaliste, le pays de Galles est l'équipe qui obtient la meilleure réussite en mêlée (98 %), tandis que l'Argentine, puissance traditionnelle de la phase de conquête, est celle qui obtient la moins bonne note (80 %).
Cependant, une grande partie de ce que ces équipes ont affiché au tournoi jusqu'à présent est moins surprenante. Des huit équipes qualifiées pour les matchs à élimination directe, l'Argentine est celle qui joue avec la vitesse de sortie de ruck la plus rapide (3,37 s), tandis que le pays de Galles occupe la dernière place avec une vitesse de sortie de ruck moyenne de 5,11 s. Le pays de Galles a également beaucoup dégagé au pied, avec une moyenne de 30,8 coups de pied par match, ce qui le place en deuxième position derrière l'Angleterre.
Le pays de Galles est donc enclin à ralentir le rythme et à jouer un jeu d'occupation, mais que peut apporter l'Argentine en contre-attaque ? Les Pumas sont deuxièmes au classement des défenseurs battus par match (32,5), mais ils devront faire des efforts pour percer le mur gallois à Marseille. Le pays de Galles est non seulement l'équipe parmi les huit qualifiées qui a réalisé le plus grand nombre de plaquages par match (166,8), soit 42 de plus que le deuxième, mais aussi celle qui a réussi le plus grand nombre de plaquages (88 %), ce qui montre à quel point les Gallois ont confiance en leur méthode de travail.
« Je regarde le pays de Galles maintenant et ils ont retrouvé leur ADN », a expliqué l'ancien centre du XV du Poireau Jamie Roberts sur le podcast officiel de la Coupe du Monde de Rugby 2023. « Ils ont des joueurs merveilleux, qui jouent ensemble, avec un objectif, un jeu de pression. Ils sont au niveau des meilleures équipes du monde en ce qui concerne la pression qu'ils exercent sur les équipes. »
Il faut dire que les deux meilleurs joueurs de l'Argentine en termes de défenseurs battus sont l'ailier Mateo Carreras (17) et le pilier Thomas Gallo (16), ce qui montre que la menace est partout. S'ils se montrent aussi inarrêtables et que les Gallois dressent les barbelés comme ils l'ont fait jusqu'alors, ce quart de finale se jouera sur le fil du rasoir.
« Le pays de Galles va venir pour mener à bien son projet, exercer une pression sur nous », a indiqué l'entraîneur adjoint de l'Argentine, Juan Martín Fernández Lobbe. « Les Gallois s'identifient parfaitement à la philosophie de Warren Gatland, qui consiste à mettre la pression sur l'adversaire et à être une équipe combative.
« Nous devons jouer un jeu au pied intense et, lorsque nous en avons l'occasion, avoir une phase offensive. Ça paraît simple, mais ça demande beaucoup de travail. »
Irlande - Nouvelle-Zélande, Stade de France
Le triple champion du monde face à une équipe qui n'a jamais gagné à ce stade de la compétition. Mais pour une fois, l'Irlande semble arriver à son apogée au bon moment dans cette compétition.
La Nouvelle-Zélande n'a pas changé sa façon de jouer. Elle est la deuxième équipe du Top 8 à porter le plus de ballons (134,8), à parcourir le plus de mètres (752,5) et à effectuer le plus grand nombre de franchissements (16,0), et c'est elle qui bat le plus grand nombre de défenseurs en moyenne par match (39,0). Ils ont également la deuxième vitesse de sortie de ruck la plus rapide (3,43 s) et le pourcentage le plus élevé de lancement à plus de 30 mètres de leur ruck précédent (14%). Ils aiment jouer vite, et ils aiment jouer en largeur.
L'Irlande n'aura pas non plus la mainmise sur les phases statiques. L'équipe d'Andy Farrell gagne seulement 5,3 mêlées par match (deuxième total le moins élevé) pour un taux de réussite de 90%, tandis que leur taux de réussite en touche de 81% - ils perdent en moyenne trois touches par match - ne manquera pas de faire réagir. À l'inverse, la Nouvelle-Zélande affiche le meilleur taux de réussite en touche (98 %) de toutes les équipes présentes en quarts, n'ayant perdu qu'une seule touche sur l'ensemble de la compétition jusqu'à présent.
Cela dit, l'Irlande n'est pas l'équipe numéro un au monde pour rien. Tout d'abord, elle joue dans les bonnes zones ; elle a le plus grand nombre d'entrées dans les 22 (15,3) de toutes les équipes, ainsi que le taux le plus élevé de possessions aboutissant dans les 22 de l'adversaire (33%). Les Irlandais ne renvoient pas souvent le ballon au pied, ce qu'ils font en moyenne 23,3 fois par match, se fiant à leur capacité à pénétrer dans la moitié de terrain adverse en faisant circuler le ballon à la main.
Les Irlandais ont confiance en eux car ils gagnent le plus grand nombre de ballons de récupération parmi les huit premiers (5,3 par match) et ils ont une moyenne de moins de dix pénalités par match (9,3). Une telle discipline et la capacité à récupérer le ballon dans les rares occasions où ils ne l'ont pas déjà, voilà ce qui rend cette équipe irlandaise si difficile à briser.
« On l'a déjà dit, mais je pense que cette équipe comprend l'importance de la défense pour la réussite globale de l'équipe », a indiqué Simon Easterby, l'entraîneur en charge de la défense. « Nous nous efforçons d'être disciplinés et de ne pas laisser d'espace aux adversaires.
« On peut sentir l'excitation quand l'adversaire a le ballon. Nous avons la possibilité de stopper leur phase offensive et de leur faire perdre de l'énergie. »
Angleterre - Fidji, Stade de Marseille
L'Angleterre sait comment elle veut jouer et elle s'y tient. Elle effectue en moyenne 33,8 coups de pied par match, soit le plus grand nombre des huit équipes. Par conséquent, elle cède la possession par un jeu au pied dans 68% des cas, le pourcentage le plus élevé des qualifiés. Compte tenu de la quantité de coups de pied qu'ils exécutent, leurs statistiques sur les autres domaines de l'attaque sont assez faibles.
Ils sont avant-derniers en termes de courses avec le ballon (108,8) de mètres parcourus (461,3), et se classent au sixième rang pour les défenseurs battus (22,5) et sont en queue de peloton pour les offloads (5,8).
Cependant, George Ford a montré lors du premier match de l'Angleterre contre l'Argentine qu'il n'est pas nécessaire d'être près de la ligne d'essai adverse pour marquer des points grâce à sa pluie de drops. En outre, l'Angleterre dispose d'une mêlée solide (95 % de réussite), ce qui la place en deuxième position dans ce domaine. Même si leur rugby n'est pas très divertissant pour les supporters anglais, il a permis à l'équipe de remporter des succès et il est donc peu probable qu'elle change de formule.
À l'inverse, et ça ne surprendra personne, les Fidji courent beaucoup avec le ballon. Ils affichent en moyenne le plus grand nombre de courses avec ballon par match (139,5), le deuxième plus grand nombre d'offloads (11,3) et le troisième plus grand nombre de mètres parcourus (570,5). Plus surprenant, c'est qu'ils sont à l'avant-dernière place pour les franchissements, avec seulement cinq par match en moyenne.
Cependant, ils ont également montré que leur rugby avait progressé. Ils ont récupéré le plus grand nombre de ballons en moyenne (8,0), dont une grande partie à la suite d'une phase de jeu au sol. Leur discipline est également bonne, puisqu'ils concèdent le deuxième plus petit nombre de pénalités (8,8), et leur réussite en mêlée (92 %) talonne celle de l'Angleterre.
« La qualité de la mêlée [fidjienne] donne des sueurs froides à n'importe quelle équipe internationale », a remarqué le Gallois Roberts. « Comment se préparer à ça pendant la semaine ? Défensivement, quand vous êtes confrontés à des mêlées fidjiennes, qu'elles soient dans votre propre moitié de terrain ou dans leurs propres 22, leur capacité à envoyer des joueurs lancés attaquer la ligne est absolument effrayante. »
En boxe, on dit que les oppositions de style font les combats, et ce match a tous les éléments pour vérifier cette théorie sur un terrain de rugby.
France - Afrique du Sud, Stade de France
Un vieux proverbe africain dit que lorsque les éléphants se battent, c'est l'herbe qui souffre. Dimanche, lors du dernier quart de finale, la pelouse du Stade de France accueillera deux gros packs d'avants qui se jetteront l'un sur l'autre pour avoir la chance de disputer une demi-finale.
Alors que l'on s'attend à ce que l'Afrique du Sud aborde le match avec une volonté de jouer au pied, d'engagement physique et de domination sur les phases statiques, et que l'on pense que la France jouera avec toute la liberté qu'elle souhaite, les statistiques dont on dispose semblent contredire cette perspective.
Car de toutes les équipes du top 8, la France est celle qui domine le plus les collisions dans ses courses avec ballon (48%), tandis que l'Afrique du Sud se classe au septième rang (38%) de ces huit équipes en la matière. Les Springboks sont également l'équipe à avoir perdu le plus grand nombre de mêlées par match, pour le deuxième pire taux de réussite (81%), et ne se classent qu'au cinquième rang pour la réussite en touche (89%). La France, quant à elle, possède le troisième meilleur taux de réussite en mêlée (94%) et le deuxième meilleur taux de réussite en touche (91%).
Les Bleus sont également habitués à la dépossession, puisqu'ils bottent le ballon plus de 30 fois par match en moyenne, ce qui, par conséquent, les place au cinquième rang pour les courses avec ballon (119,0 par match). L'Afrique du Sud, quant à elle, a choisi de moins dégager le ballon, ne le faisant que 20,3 fois par match en phase de poules.
Cependant, la France a été meilleure que l'Afrique du Sud chaque fois qu’elle avait le ballon. Les Français gardent le ballon en vie mieux que quiconque, avec en moyenne le plus grand nombre d'offloads (11,8) et le deuxième plus grand nombre de franchissements (10,5), alors que les Springboks ont concédé le plus grand nombre de récupérations (17,0) et commettent quatre fautes toutes les dix possessions, soit 60 % de réussite, le pire pourcentage de toutes les équipes (60 %).
Si l'on ajoute que la France est l'équipe la plus avare en matière de pénalités (8,0) et que l'Afrique du Sud ne passe en moyenne que 1,5 point par match au pied depuis l'extérieur des 22 mètres, les champions en titre savent qu'ils auront fort à faire pour battre leurs hôtes à Paris. En commençant, comme toujours, par devant.
« Ils ont un très gros pack, mais nous serons à la hauteur », a affirmé le troisième ligne des Springboks, Jasper Wiese. « Je ne pense pas qu'il y aura un manque d'intensité ou que quiconque se retiendra.
« Ce sera certainement énorme, les collisions seront plus intenses et il y aura certainement quelques bobos. »